Économie

jeudi, 04 avril 2013 04:16

Ce que révèle l’offre promotionnelle d’Air Caraïbes

« Il ne va pas falloir trainer au lit » disait le message d’Air Caraïbes. Et la compagnie ne croyait pas si bien dire. Pour profiter des 50 billets par jour vers la Martinique, la Guadeloupe, Haïti ou Saint Martin, à seulement 100 euros, des centaines de personnes  s’étaient levées très tôt lundi de Pâques pour se rendre au comptoir Air Caraïbes à Orly. Mais les candidats au voyage ont du déchanter. L’opération promotionnelle a tourné à l’émeute. Trop de monde et trop de pagaille. La compagnie a interrompu l’opération. Et les policiers sont intervenus  pour repousser les visiteurs très en colère.

 

 

Cette petite fable du 1er avril aurait pu passer pour un mauvais poisson d’avril. Elle nous servira de leçon de chose économique pour tirer au moins trois conclusions provisoires.

1. En dessous d’un certain seuil, le prix n’a plus de sens. Pour un économiste, le prix porte une valeur : valeur des couts de production, valeur sociale, etc. Les consommateurs le savent intuitivement, le prix est une donnée fondamentale de l’échange. On ne peut pas traverser l’Atlantique deux fois pour un billet de 100 euros. Les promotions n’ont pas pour vocation de détruire de la valeur. Le coup d’Air Caraïbes ajoute à la confusion dans un débat déjà très passionné.

2. La concurrence stimule le marché. L’arrivée d’XL Airways sur le marché des Antilles avec des Airbus A 330 et une campagne de publicité très agressive a réveillé les entreprises déjà installées sur l’arc Caraïbes. La concurrence est souvent utile. Elle empêche les ententes tarifaires. Les quelques témoignages recueillis par les télévisions lundi dernier à Orly sont à cet égard très intéressants. « Pour 100 euros je peux rentrer chez moi passer un weekend prolongé » disait un candidat au voyage à 100 euros. C’est la démonstration qu’il existe une très grande élasticité de la demande au prix. Plus le prix baisse, plus le marché s’élargit. Pourra t-on un jour prendre l’avion pour les Antilles comme on prend le train pour Marseille ? A suivre.

3. Enfin, troisième point et non des moindres, les Antillais vivent l’assignation à résidence comme un déchirement. Au fil du temps, ils ont déployé une très grande sensibilité à la mobilité. La nostalgie ne s’est pas apaisée. En période de crise, elle se renforce. Ils ont toujours derrière la tête de rentrer au « péi ». L’intensité de la demande lundi dernier a confirmé la règle. Je n’étais pas à Orly, mais j’ai vu et revu les reportages de la télévision : il y avait peu de visages pâles dans la foule, soit peu de touristes, et beaucoup de visages hâlés…

Cet été, nous consacrerons une série d’enquêtes sur les questions liées au transport aérien vers les destinations d’Outremer.

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