Économie

mercredi, 27 février 2013 20:27

L'île Maurice, un modèle à suivre?

Avec son million 300 000 habitants, Maurice, petit pays indépendant à l’est de Madagascar, plateau continental émergé à 220 kilomètres de la Réunion, est un des tigres de l’Afrique Australe. La richesse produite par habitant est encore faible, le PIB par tête y est inférieur à celui de la Réunion (15 000 dollars per capita)…mais ce résultat est obtenu sans subventions extérieures et sans transferts de revenus sociaux. Maurice et la Réunion sont cousins. Comment en effet ignorer la géographie, comment séparer deux populations que les mariages et les familles rapprochent ? Il y aura toujours un lien entre ces deux jumelles, comme une communauté de destin. L’immigration, les influences indienne et chinoise cimentent la relation de deux populations consignées sur de petits territoires au sud de notre monde austral, condamnées l’une et l’autre à inventer un modèle original soluble dans la mondialisation.

Indépendante depuis 1968, Maurice a déjà payé le prix de la transition entre une économie de comptoir et une économie plus autonome. Longtemps considéré comme l’atelier de tissage de l’Europe, Maurice a diversifié ses activités et misé sur la bonne gouvernance. Les investisseurs ne s’y trompent pas. Le pays est stable, le climat des affaires y est exceptionnellement favorable  et les investisseurs sont les bienvenus. En 2011, Maurice a été classé premier pays africain en termes de démocratie. Sur les hauts de Port Louis, à Bagatelle, le dernier centre commercial Bagatelle représente bien cette économie intégrée dans son environnement. Les enseignes locales côtoient les distributeurs sud africains.  Fermez les yeux, ouvrez les à nouveau, Bagatelle vous transporte en Californie. C’est un Mall anglo-saxon pur sucre : confortable, climatisé, moderne…peut être même un peu trop.  Plus bas, dans Port Louis, non loin du centre ville (d’affaires) version Disney land, le distributeur mauricien Winner s’adresse aux classes moyennes et populaires : quelques produits locaux, du surgelé de poisson issu de la pèche locale, des viandes sud africaines, fruits et légumes issus des circuits courts, huiles alimentaires pressées sur place. Maurice est encore loin de la souveraineté alimentaire, mais dans cette Afrique australe ouverte et en croissance, les Mauriciens ont su lever les barrières pour stimuler les échanges régionaux. Le cas de Maurice est particulièrement intéressant pour plusieurs raisons : c’est un petit territoire dont le développement est resté longtemps adossé à la culture de la canne et c’est un marché étroit. Le pays mise sur la formation, sur les services médicaux, sur les services bancaires et financiers, sur l’information et sur le tourisme.  Plus important que tout le reste, les chefs d’entreprises et les consommateurs que j’ai rencontrés ont le moral. Ils sentent le vent pousser dans le dos, là où à la Réunion, les entrepreneurs se plaignent à juste titre des contraintes et de l’impact de la crise. Vents favorables d’un coté, vents contraires de l’autre…Port Louis s’étale loin du centre ville. Des immeubles, créations originales d’architectes, sortent de terre et accueillent les groupes issus de l’océan indien. La Réunion a pourtant la même géographie, elle baigne dans cet océan optimiste de croissance entre la Chine et l’Inde. Ne devrait-elle pas monter dans ce train ? Imaginer un virage vers un modèle régional intégré dans un marché unique ? Le PIB réunionnais, environ 15 milliards d’euros par an, est composé aux deux tiers de transferts de revenus ou de commandes publiques. L’enjeu des 10 prochaines années est d’utiliser utilement cette enveloppe (encore disponible) pour assurer la transition vers une économie plus mauricienne que métropolitaine. 

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