Économie

samedi, 23 février 2013 06:15

La France dans le Pacifique, quelle vision pour le 21ème siècle ?

Focus sur un thème évoqué lors d’un colloque qui s’est déroulé au Sénat il a quelques semaines. Un colloque organisé par la délégation sénatoriale à l’Outre-mer, le Ministère des Affaires étrangères, et le Ministère des Outre-mer.

Nous aurons l’occasion de revenir sur ce colloque, qui est l’illustration de la ligne éditoriale de ce webzine puisqu’il concerne notamment les collectivités françaises, comme atout pour relever les défis du 21ème siècle notamment dans le Pacifique.

Ce thème faisait d’ailleurs l’objet d’une table ronde au cours de laquelle nous avons pu relever avec intérêt une intervention de Jérôme Fabre, directeur du développement d’ERAMET Nickel. Jerôme Fabre, à propos des enjeux industriels et miniers pour la Calédonie, a évoqué les aspects géostratégiques, la dimension économique et l’importance de l’étape métallurgique dans le lien entre ressources et territoires, sans oublier les volets technologiques et environnementaux.

Le directeur du Développement d’Eramet Nickel, évoquant la guerre pour l’accès aux ressources, a préféré parler de « concurrence ou de course pour l’accès à ces ressources. L’industrialisation et l’urbanisation des Pays émergents, ainsi que les exigences de plus en plus accrues des sociétés développées en matière d’efficacité énergétique et de sécurité alimentaire notamment, soutiennent une très forte demande de nickel. Tous les Pays industriels qui disposent d’une offre susceptible d’y répondre s’organisent pour sécuriser leurs approvisionnements en nickel et la stratégie mise en place par la Chine, singulièrement, montre que ce pays investit partout où il le peut. Le Pacifique occupe une place toute particulière dans ce paysage concurrentiel pour l’accès aux ressources. En effet, la Nouvelle-Calédonie dispose de 20 % à 25 % des ressources nickélifères mondiales en minerais oxydés. L’Australie et l’Indonésie disposent également de ressources importantes. Et d’autres pays, comme la Papouasie Nouvelle-Guinée ou les îles Salomon, possèdent du nickel. Mais, ce sont l’’Indonésie et la Nouvelle-Calédonie qui détiennent à elles deux 95 % des ressources les plus riches.”

Sur le plan des enjeux économiques, Jérôme Fabre a souligné l’importance, pour l’industrie du nickel, de l’étape de transformation métallurgique. Une comparaison: “l’activité d’exportation de minerais en Chine, par exemple, ne génère que 15 % de retombées économiques locales. En Nouvelle-Calédonie, l’usine de transformation de Doniambo met en œuvre des procédés complexes qui emploient un personnel important. C’est la raison pour laquelle 55 % du chiffre d’affaires réalisé restent en Nouvelle-Calédonie : sur 820 millions d’euros de chiffre d’affaires, 450 millions d’euros contribuent directement à l’économie locale et nous employons 2 200 salariés en Nouvelle-Calédonie. Outre l’emploi local et la sous-traitance, les retombées locales se matérialisent au travers des impôts et des dividendes versés localement. “
Pour Jérôme Fabre, “Ces activités sont aujourd’hui confrontées à des risques du fait de l’appétit d’opérateurs chinois, peut-être indiens ou sud-coréens demain. Nous nous trouvons en effet dans une situation d’équilibre fragile et si la Nouvelle-Calédonie fait figure d’eldorado du nickel, il s’agit aussi d’une économie insulaire qui présente des coûts énergétiques et salariaux très élevés, auxquels s’ajoutent des problèmes de productivité. Les industriels chinois, qui n’ont pas accès à des ressources comparables, doivent s’approvisionner dans d’autres parties du monde où l’activité n’est pas soumise aux mêmes contraintes.”

C’est pourquoi, il convient que l’État et les autorités locales soient vigilents sur ce point.

Côté enjeux environnementaux, Jérôme Fabre insiste: “Il faut créer de la valeur ajoutée et diminuer au maximum notre empreinte environnementale. Il y a là un enjeu d’acceptabilité sociale. C’est la raison pour laquelle la technologie et l’innovation occupent une place particulière dans nos activités en ceci qu’elles constituent un enjeu de pérennité de notre industrie. Ces exigences vont croissant et mettent en exergue un enjeu de transition technologique vers de nouveaux procédés dits « hydro-métallurgiques ». La plupart des usines fonctionnent en portant à son point de fusion (1 650 degrés) le minerai de nickel, au travers de procédés très intensifs en énergies fossiles. La transition vers l’hydro-métallurgie impliquera de remplacer ces procédés traditionnels par des procédés chimiques.”
Ceux-ci leur permettront de consommer moins d’énergie et de diviser par cinq ou six les émissions de CO2 de l’industrie du nickel, extrêmement intensive de ce point de vue.

Conclusion de Jérôme Fabre: “Eramet a l’ambition de réussir cette transition vers l’hydro-métallurgie en Indonésie et demain en Nouvelle-Calédonie.”

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