Environnement

lundi, 30 septembre 2013 04:33

Deuxième Conférence Environnementale: Aller au delà des voeux pieux? Spécial

 

Treize ministres, 500 participants, deux jours de débats autour de cinq tables rondes : l’économie circulaire, la biodiversité marine, mer et océan, les emplois et la transition énergétique, la politique de l’eau, l’éducation à l’environnement et au développement durable ; si on aligne des chiffres c’est un succès. Elément positif, tous les acteurs concernés par le thème étaient présents. Elément négatif, bien trop de monde pour faire autre chose qu’aligner un chapelet de propositions. « Nous n’avons jamais le temps de discuter de nos divergences, d’aller au delà des vœux pieux » ont regretté certains participants, tandis que d’autres chantonnaient « paroles, paroles... ! »

 

 

Peu de temps auparavant, Philippe Martin avait dressé le bilan 2012/2013. Selon lui 75% des objectifs de la première conférence avaient été atteints, parmi les plus importants, la transition énergétique était en route avec loi fin 2014, la création de l’agence de la biodiversité confirmée pour le premier trimestre 2014 et la fiscalité écologique avec des dispositifs de verdissement proposés, serait intégrée à la loi de finances au premier trimestre 2014.

La mer reste le terrain de jeu international de la France. Cela passe par les outre mer. La table ronde sur la biodiversité marine, les mers et océans, sous la présidence de Victorin Lurel et de Frederic Cuvillier, a été celle où l’on a le plus abordé les questions propres aux outremers. Ferdy Louisy, responsable du parc national de Guadeloupe en était sorti plein d’espoir : «  La biodiversité est à 80% en Outre mer et seulement 10% des crédits recherche sont alloués aux Dom. Nous avons demandé plus, un nécessaire déploiement et soutien à la recherche... Nous avons également demandé que les élus locaux soient davantage consultés en matière de recherche et d’exploitation en mer. Nous avons souligné le manque d’efficacité de nos stations d’épuration ; réclamé davantage de recherches sur les problèmes que pourraient poser à la santé l’invasion du poisson lion dans les Antilles ; souligné les dégâts occasionnés par les pesticides dans les interfaces terre/mer, dus au lourd héritage du chloredécone. Mais surtout nous demandons à ce que Mayotte devienne une priorité nationale ». Ce dossier va d’ailleurs occuper le Parlement Européen dans les mois qui viennent puisque l’île se trouve dans l’incapacité, faute d’apprentissage et de moyens, d’appliquer les Directives environnementales européennes sur l’eau, les déchets, la protection du lagon, la réglementation de la pêche à pied...

 

 

Dans son discours de clôture, le premier Ministre a précisé que d’ici trois ans, un tiers des mangroves sera placé sous protection. A part cette allusion, pour le premier Ministre, les outremers étaient sortis des radars.

Heureusement la feuille de route publiée le 25 septembre semble confirmer quelques engagements mais souvent sous forme de vœux.

Le plus concret semble être la promesse de réintroduction du lamantin en Guadeloupe, la création de zones de protection dans le canal de Mozambique, de la mer de Corail, des zones de Crozet et de Kerguelen. Autant d’enjeux géostratégiques pour la France.

Outre les secteurs de la recherche largement défendus, sur le plan social a été proposé de développer la dimension marine du programme TE ME UM (Terres et mers ultramarines). Le programme TE ME UM accompagne et soutient les femmes et les hommes qui travaillent en outre-mer à la préservation de la biodiversité. Une série de mesures est à l’étude

 

Un déchet est-il un déchet ? Une nouvelle approche des dossiers.

La table ronde sur l’économie circulaire inaugurait un nouveau chantier, avec une approche encore trop imprécise sous l’égide de l’institut du même nom créé le 6 février, soit il y a moins d’un an. De nombreux secteurs de la gestion des déchets, de la production au recyclage, vont se trouver bouleversés .Mais les participants ont souvent été déçus car l’attente est forte. « Je déplore que l’économie circulaire ait été limitée essentiellement à l’amélioration du recyclage des déchets et à une logique filière. La France reste encore sur un modèle linéaire où l’on ne fait que traiter les déchets, conséquences d’un système bientôt à bout de souffle » a déclaré François Michel Lambert député EELV, Président de l’institut.

Selon lui, cette discipline doit revoir l’ensemble de nos modes de production en tenant compte au maximum de la rareté des ressources et réorienter nos économies. Nous sommes en dépendance accrue vis-à-vis des ressources non renouvelables. En 2007, l’économie mondiale a consommé 60 milliards de tonnes de ressources naturelles soit une augmentation de 65% par rapport à 1980 (sources OCDE) et depuis les années 2000, leur prix augmente. Il faut donc de plus en plus recycler, réutiliser, concevoir du berceau à la tombe.

Tout un cycle à reprendre : éco conception, durabilité, réutilisation. Surtout, refus de l’obsolescence, ce vieillissement programmé de nos ustensiles ménagers électroniques, qui contraint aujourd’hui le consommateur à jeter trop vite.

L’économie circulaire est une pensée complexe trop faiblement évoquée par le premier ministre. « La feuille de route était pourtant claire : le Gouvernement devait acter la fin de l’économie linéaire et donner le cap vers la transition vers un modèle circulaire à l’instar d’autres pays comme la Chine, le Japon, l’Allemagne ou encore les Pays Bas... »

Le projet de loi sur la consommation porté par Benoit Hamon prendra en compte l’obsolescence programmée et renforcera le droit des consommateurs. Nous devrions être mieux informés sur l’incorporation de matières recyclées, sur la durée d’usage des produits et de leurs garanties. L’introduction d’une procédure d’action de groupe dans le droit français permettra également de porter collectivement l’action en justice comme c’est le cas aux Etats Unis, enfin la garantie légale sera étendue de six mois à deux ans.

Bien d’autres promesses ont été faites, que ce soit sur le plan de la transition énergétique, de la politique de l’eau et de la politique de l’emploi.

Le tocsin sonne concernant la limite des ressources planétaires. Les promesses ont peu de temps pour se traduire en acte.

 

Les 26 et 27 septembre se déroulait à la Dominique une conférence organisée par l'OAS, l'Organisation des Etats Américains.

Objectifs : trouver un financement pour la construction de la centrale géothermique qui échappe à la France du fait d’un retrait d’EDF (rappel de l’histoire :
http://www.outremerlemag.fr/index.php/environnement/616-geothermie-2)

Alors que trois investisseurs européens semblent intéressés : Siemens, Enel et GDF Suez, les américains ont lancé cette conférence sans tambour ni trompette. S’ils reprenaient le dossier, nous aurions perdu six millions d’euros en études et forages d’exploration, et surtout une belle occasion de valoriser la géothermie , énergie renouvelable à laquelle la France est soit disant attachée !

Partenaires

CANGT NORD GRANDE TERRE
CAP EXCELLENCE

Derniers articles

Les + lus

Rejoignez-nous sur Facebook

Recevez les actus par email

Recevez par mail les dernières infos publiées sur OUTREMER LE MAG'

Rechercher