Le MEDEF avait ménagé son effet : la veille il avait communiqué en déclarant ne pas vouloir endosser les 15 recommandations proposées par le secrétariat national. Il faut se souvenir que ces quinze recommandations étaient déjà le fruit de huit mois de négociations passés à « raboter » les exigences des uns et des autres. Elles portaient surtout deux mesures indispensables à la mise en œuvre du reste du programme : une division de la consommation énergétique de 50% à horizon 2050 et des moyens financiers. Espérons les retrouver dans le document final en septembre, car elles sont indispensables à la cohérence des autres propositions.
Ce sont ces deux mesures qui ont été mises en cause par le patronat. Entre autres, car ajoutons à cela, face à la nécessaire réduction du parc nucléaire, sa volonté de «respecter les compétences de l’ASN». Une manière de se prémunir du projet de loi en cours de discussion qui permettrait d’autoriser l’État à prendre des décisions quant à la fermeture des centrales indépendamment de l’ASN. Le MEDEF dans cette intervention allait jusqu’à remettre en question la gouvernance du débat et l’irréalisme des objectifs de renouvelables.
Finalement Laurence Tubiana, grande prêtresse des négociations a su garder le cap et à deux doigts de l’échec, ce sont les écolos qui ont sauvé l’exercice, ce qui laisse tout de même un goût amer.
Il y a tout de même eu des moments de sourire quand Philippe Germa, directeur général du WWF France a prédit : «Le débat va accoucher d’une souris, j’aurai préféré qu’il accouche d’un panda», et quand Philippe Martin a fait sa seconde apparition de la journée. Manière, pour le ministre de l’écologie, de montrer son soutien au processus.
Que va t-il en être désormais ? L’administration suivra t-elle la proposition de Laurence Tubiana : «Nous suggérons la création d’un groupe de contact avec les parlementaires». Nombreux ont été les observateurs à souligner qu’effectivement nous étions de plus en plus en régime de 3ème République avec gouvernance de la technocratie et qu’il était temps de voir le politique reprendre ses responsabilités. Verdict en Septembre.
Pour rappel :
La synthèse Dom du 8 Juillet a été très décevante. Le pire sur le plan environnemental nous vient de Guyane, où le Conseil régional a entériné la proposition d’EDF de construction d’un second grand barrage et des projets industriels de production d’électricité à partir des forêts primaires, conduisant la fédération Guyane Nature Environnement à cette déclaration : « on ne peut admettre une telle conclusion au débat sur la transition énergétique. En effet, les impacts sur la forêt guyanaise de la construction d’un second barrage géant (de la taille de celui de Petit Saut, plus grand lac artificiel de France avec 310 km2) n’ont pas été évoqués dans le débat. Il en est de même sur les impacts des projets industriels de déforestation pour brulage et production d’électricité : les modes de productions actuellement envisagés ne garantissent pas un maintien du couvert forestier. En cela, les orientations régionales ne relèvent pas du développement durable ».