Environnement

jeudi, 04 juillet 2013 04:42

Le nouveau monde sera celui de la mer

Connaissez vous le pays qui est grand comme deux fois les Etats-Unis et comme trois fois la Russie ? C’est l’Océanie, et c’est ce que sont venus nous rappeler Henry Puna, Premier Ministre des iles Cook, Marcelino Pipite, Ministre du Tourisme et du Commerce du Vanuatu , présents aux côtés d'Anthony Lecren, Membre du Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie. « Merci aux chefs  traditionnels et amis de l’environnement,  à la Polynésie et à la Mélanésie, à toutes les petites îles avec lesquelles nous avons créé le grand état du Pacifique. Soit un quart de la superficie du globe, 1 million 400.000 Km2. Et pour l’appréhender, il faut changer notre regard, considérer l’étendue marine comme on regarde la terre ».                                             






Ce Mercredi 26 Juin, un grand rendez-vous sous les huit colonnes totems de la maison de la Nouvelle Calédonie.  Dans l’assistance, l’ambassadeur Jean-Pierre Thébault et de nombreux élus  ont assisté à l’échange coutumier qui ouvrait cette cérémonie de restitution du meeting qui s’est tenu en Avril dernier à Nouméa.

(cf Outremer le mag)

Cette rencontre avait pour maître mot « pragmatisme », et plus de 300 personnes y ont assisté. « Notre luxe entre dirigeants des états du Pacifique, c’est d’avoir le temps de nous parler. Nous usons et abusons de nos petites fonctions car nous n’avons pas grand chose d’autre ». Et la stratégie fonctionne.

Les petits états îliens ont réussi à faire entendre leurs voix unies pour la défense de leur océan, si convoité pour ses terres rares et ses métaux précieux. Ils ont à partager la responsabilité de la gestion des plus grandes réserves de thon du monde : les iles Cook annoncent la mise en place d’une AMP pour  la protection des baleines, et Tokelau  annonce le premier sanctuaire pour les requins dans sa ZEE qui est 100% en zone AMP. Mais surtout ils doivent défendre leurs terres menacées de submersion par le réchauffement climatique.

Tout avait commencé par la fédération de 14 Etats et Territoires du Pacifique autour de l’opération « un arbre, un jour, une vie », une initiative de M. Anthony Lecren, Ministre du Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, en charge de l’Economie et du Développement durable. Il s’agissait de planter, chaque année, autant d’arbres que d’habitants océaniens (250 000 en Nouvelle Calédonie mais 10 millions à l'échelle de l'Océanie). Ils ont planté un amborella* (voir encadré), l’espèce qui appartient à la lignée la plus primitive des plantes à fleurs, le symbole du temps par excellence « car nous devons prendre nos responsabilités à la base... Chacun de nos pays représente une branche de cet arbre commun, planté ensemble ». Anthony Lecren n’oublia pas de rappeler que planter des arbres en Polynésie, ce n’est pas seulement faire de la sylviculture. « L’arbre, on l’a coupé pour construire nos pirogues. La pirogue c’est cette relation perdue entre nous qui a construit la civilisation océanienne. C’est aussi le palétuvier qui a les pieds dans l’eau ».

                    
                                 

Ensemble, ils sont donc engagés dans le respect de la Convention climat. Pour enrayer le réchauffement climatique, ils donnent l’exemple et nous demande de les aider à sauver Tokelau petit archipel constitué de trois atolls, à 24 heures de mer de Samoa, dont le point culminant ne dépasse pas trois mètres, subit directement les effets du changement climatique. L’île de Tokelau est depuis Novembre 2012, autonome énergétiquement grâce aux renouvelables. Aux iles Cook où les déplacements de population ont commencé, cette année marquera une indépendance à 50%, promettant les 100% pour 2020. Un exemple que compte suivre la Nouvelle Calédonie.

Nicolas Hulot, envoyé du Président de la République pour la défense de la planète soutenait cette initiative : « je suis ému de vous entendre, c’est le monde à l’envers. Vous êtes les premières victimes, les peuples les plus exposés avec ceux du Sahel et vous traversez la planète pour nous donner l’exemple... Nous devons, nous au Nord, revisiter pourquoi nous sommes à l’origine de tous ces symptômes. Ce qui fait l’humain, c’est la capacité à s’inscrire dans le temps au-delà de sa durée de vie. Les cinq prochaines années seront l’indice de civilisation. Vous avez cette conscience aigue que les hommes appartiennent à cette planète. Au-delà de nos différences culturelles, nous partageons un destin commun ».

Il a rappelé que la Conférence Climat aurait lieu à Paris en 2015,  « un événement  auquel vous participerez et qui va nous obliger à regarder la réalité en face. Nous avons des grandes choses à faire ensemble et nous devrons prendre en compte votre vision parce qu’elle a une richesse et une sagesse qui nous sont indispensables. Je serai votre porte voix ».

Les participants à Oceania 21 ont rédigé une déclaration commune http://pacenet.eu/sites/default/files/2013_conf_oceania_21_finale_declaration___f.pdf. Ils ont  annoncé la création d’un Think tank et tiennent à mobiliser artistes et sportifs pour défendre leur cause. Flamengo en Calédonie, Alpha Blondy en Afrique, Isaël Vibration et Christian Karembeu dans le monde sportif ont été les premiers à s’engager.

Photos : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

L’AMBORELLA TRICHOPODA, la plante à remonter le temps

Arbuste endémique des forêts pluvieuses de Nouvelle-Calédonie, elle est considérée souvent comme la plus archaïque des plantes à fleurs sur terre. Jusqu'à présent ce qui faisait son intérêt pour les scientifiques, c’est qu’elle n'entrait dans aucune famille.

Mais depuis 1999, une autre gloire lui est réservée. Une découverte annoncée à Saint-Louis (Missouri, Etats-Unis) lors du XVIe Congrès de Botanique, indique que cette espèce est la première à s'être différenciée au cours de l'évolution des plantes à fleurs, qui a débuté il y a environ 135 millions d'années à l’époque Crétacé. Une datation que les chercheurs sont parvenus à déterminer grâce à une technique avancée de biologie moléculaire. Ce sont en fait les empreintes génétiques de la plante qui ont révélé son long passé.

Elle est devenue le joyau de la flore calédonienne
Amborella tricopoda est une véritable machine à remonter le temps : l’étude du fonctionnement de son patrimoine génétique permettra de comprendre l’évolution des plantes à fleurs. Peut être pourra-t-elle aider à prédire leur adaptation aux changements climatique en cours ?
La Nouvelle-Calédonie est le conservatoire d'une flore très ancienne  du fait d’un isolement total pendant près de 300 millions d’années, ce qui explique que la nature y ait conservé des espèces fossilisées. Elle est riche d’une végétation originelle de quelques 2.500 plantes endémiques, donc uniques sur la planète, qui en font le premier « jardin botanique » du Pacifique sud, suivi par la Nouvelle-Zélande

 

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