Environnement

jeudi, 20 juin 2013 04:48

Non aux épandages aériens de pesticides

Samedi 1er juin, à Pointe-à-Pitre, une trentaine d'organisations a appelé à manifester contre le traitement par épandage aérien des plantations de bananes. Ecologistes, médecins, apiculteurs, militants syndicaux et de partis de gauche : tous étaient présents au rendez vous.

Comme sa voisine de La Martinique, l’île est marquée par le drame de la chlordécone. Une sensibilité à fleur de peau. Personne ne supporte désormais les manquements à la loi en matière d’usages des pesticides.
 
Depuis 2009, l’épandage aérien est interdit par une Directive Européenne, « sauf dérogation particulière », laissée à la discrétion du préfet. Le 10 décembre 2012, quatre associations locales guadeloupéennes avaient obtenues une victoire rare contre la juridiction. A leur demande, le tribunal administratif de Basse-Terre avait décidé d'annuler les arrêtés du préfet de région qui autorisaient les producteurs de bananes à user des  traitements aériens pour répandre plus facilement les fongicides et lutter contre les cercosporioses noire et jaune, champignons parasites qui s'attaque aux feuilles de bananiers. « Les plaignants dénonçaient les risques pour l'environnement et pour la santé des populations. Seule une distance de sécurité de 50 mètres des maisons, des écoles et des cours d'eau est prévue, alors que la Guadeloupe est fréquemment balayée par les vents tropicaux. Les journaux locaux ont plus d'une fois rapporté le mécontentement de riverains "aspergés" chez eux. » (Le Monde, Planète du 31 Mais 2013).

Or, une nouvelle dérogation pour douze et non six mois vient d’être accordée par la préfète de Guadeloupe, Marcelle Pierrot,  soutenue par le ministre Victorin Lurel. « Tant qu’on n’a pas mis au point des traitements appropriés, plus respectueux encore de l'environnement et tant qu’on n’a pas la preuve de la toxicité des ces traitements, nous ferons comme ça », a-t-il expliqué à Radio Outremer 1ère. Depuis, la bataille juridique fait rage entre producteurs de bananes et associations écologistes.

Nombre d’épandages à l’hectare en 2010
Carte publiée dans Bastamag (sources ministères de l’agriculture)

En Métropole on ne fait pas mieux.
Aquitaine et Champagne-Ardennes sont les deux régions les plus aspergées en produits chimiques par voie aérienne, derrière la Martinique dont les bananeraies battent tous les records, et devant les rizières de Camargue et de Guyane. Céréales, vergers, betteraves, colza ou tournesol ne sont pas épargnés. 800 opérations d’épandage aérien ont été recensées en France en 2012. En majorité en Outre-mer. Dans un article publié par Bastamag, François Veillerette, porte-parole de Générations futures explique : « Les pilotes sont des as. Ils larguent les produits pile au bon endroit. Le problème c’est qu’ensuite, ils ne contrôlent plus rien. Et que la volatilité de ces nuages chimiques est très élevée. Il y a donc un vrai risque d’exposition des espaces situés à proximité de la zone d’épandage. »

Opposé au moratoire réclamé par Europe Écologie-les Verts (EELV), le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll a assuré en juillet 2012 que son objectif était « d’éviter de manière définitive ces épandages ». Les surfaces concernées « avaient déjà été réduit[e]s de 22% entre 2010 et 2011 », précisait le ministre socialiste. « Les recherches d’alternatives techniques, qui permettent de procéder à des traitements terrestres plutôt qu’aériens progressent, notamment pour les bananeraies ». Lors du Salon de l’agriculture en février, Stéphane Le Foll a réitéré son souhait de mettre fin aux épandages. Tout en soulignant que « cela prendra du temps », car au delà de l’usage des pesticides, ce sont les monocultures qui sont mises en question et la diversification agricole.

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