Le 13 Juin 2013, l'Inserm qui avait été chargée par la Direction générale de la santé (DGS) de réaliser une revue scientifique sur les liens entre pesticides et santé, a publié son rapport. « La rémanence des pesticides dans l'environnement peut varier de quelques heures ou jours à plusieurs années », précise l'Inserm, d'où la difficulté des études à comprendre les mécanismes de ces substances, à mesurer l'exposition réelle des professionnels et de la population générale...
Mais le lien est désormais établi « entre exposition professionnelle à des pesticides et certaines pathologies chez l'adulte : la maladie de Parkinson, le cancer de la prostate et certains cancers hématopoïétiques (lymphome non hodgkinien, myélomes multiples) »(…) « Par ailleurs, les expositions aux pesticides intervenant au cours de la période prénatale et périnatale ainsi que la petite enfance semblent être particulièrement à risque pour le développement de l'enfant ».
L'Inserm recommande d'accroître les connaissances sur ce sujet et de mener particulièrement des recherches pluri et transdisciplinaires pour permettre une caractérisation plus rapide des dangers potentiels des substances actives de pesticides.
Plus globalement, l'institut souligne les interrogations actuelles sur les effets à long terme des expositions aux pesticides, même à faibles doses, et l'effet cocktail. « Ces mélanges de pesticides et autres substances pourraient donner lieu à des impacts sanitaires difficilement prévisibles actuellement, ce qui fait de la question des mélanges et des faibles doses un des enjeux importants de la recherche et de l'évaluation des dangers ».
En milieu professionnel, la principale voie d'exposition serait cutanée (80%), puis respiratoire. La population générale serait davantage exposée par la voie orale, via l'alimentation.
Ainsi, l'Inserm a étudié huit localisations de cancer identifiées dans des méta-analyses antérieures (4 cancers hématopoïétiques, les cancers de la prostate, du testicule, les tumeurs cérébrales et les mélanomes). Pour le cancer de la prostate, « une augmentation du risque existe chez les agriculteurs, les ouvriers d'usines de production de pesticides et les populations rurales (entre 12 et 28% selon les populations) ». Les principales matières actives documentées (chlordécone, carbofuran, coumaphos, fonofos, perméthrine) sont aujourd'hui interdites d'usage.
Dans un communiqué commun Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la Santé, Delphine Batho, ministre de l'Écologie, du Développement durable et de l'Énergie et Stéphane Le Foll, ministre de l'Agriculture, de l'Agroalimentaire et de la Forêt ont précisé que les résultats de l'étude seraient transmis aux autorités européennes « afin qu'ils puissent être pris en compte dans la réévaluation des substances actives autorisées au niveau communautaire ».
(sources http://www.inserm.fr/index.php et http://www.inserm.fr/espace-journalistes/pesticides-effets-sur-la-sante-une-expertise-collective-de-l-inserm
En savoir plus : http://sciences.blogs.liberation.fr/home/2013/06/pesticides-le-rapport-de-linserm.html