Les brésiliens ont de tout temps pêché au large des côtes guyanaises, car les « eaux y sont plus poissonneuses ». Mais en Guyane, les capitaines des bateaux pris en flagrant délit de pêche illégale risquent des peines de prison ferme. Le niveau de violence a augmenté ces derniers mois et leur présence est devenue alarmante.
Une étude de l'Ifremer (Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer) a révélé l'ampleur de la pêche clandestine au large de la Guyane : une flottille illégale étrangère de plus de 200 bateaux, dont 60 % viennent du Brésil, et le reste surtout du Surinam. Les clandestins auraient pêché entre 4 000 et 8 000 tonnes de poissons par an en 2010 et 2011, soit plus que la pêche côtière locale, qui ne dépasse pas 3 000 tonnes par an, avec une centaine de bateaux sous licence.
Faute de moyens, les « contrôles en mer restent limités », estiment l’IFREMER et le WWF. La gendarmerie maritime dispose de deux vedettes, les douanes, d'une, et la Marine a deux patrouilleurs P400, des moyens basés à Kourou et Rémire-Montjoly, à plusieurs heures de navigation des zones frontières, où se concentre l'activité clandestine. Il n'y a pas non plus de radar terrestre pour contrôler les eaux guyanaises et les radios hautes fréquences des bateaux de pêche ne fonctionnent plus à l'ouest du territoire. Les guyanais, une nouvelle fois, se sentent menacés par le Brésil, même si les autorités brésiliennes acceptent de reconnaître le problème.
«Pour échapper aux contrôles, les bateaux de pêche opèrent en flottille. Quand ils nous aperçoivent, les pêcheurs de ces «tapouilles» larguent leurs filets, se regroupent et filent vers les eaux brésiliennes. Ils reviennent quelques jours plus tard les récupérer », témoigne le major Bernard Lecomte qui commande la vedette Mahury basé à Cayenne. Malgré les opérations d’abordage, les saisies restent modestes : 52 tonnes de poissons saisies sur 42 navires illégaux en 2012.
L’accord pris pour de « nouveaux moyens de surveillance maritime par satellite en coopération avec le Centre national d’études spatiales (CNES) » ne sera donc pas inutile et les deux ministres ont promis une augmentation du nombre de jours de mer consacrés à la police des pêches.
"On met en oeuvre des moyens satellites pour repérer les tapouilles-mères et les dérouter systématiquement vers Cayenne en vue d’une saisie. On est dans quelque chose qui va être beaucoup plus dur", a dit à l’AFP le ministère des Outre-mer.
Par ailleurs, les pêcheurs demandaient la création d’un fonds d’urgence et d’un fonds de développement. Les ministres proposent de « faciliter un dispositif de redémarrage de l’activité et de structuration de la filière ». Ce dispositif sera financé par « le fonds Shell, les crédits mis à disposition par le Centre spatial guyanais et, le cas échéant, une réallocation de fonds européens (FEDER) ainsi qu’un abondement des collectivités locales volontaires ».
(Sources : Le Marin, défense et outre-mer.gouv)