Ce qui fût dit, fût fait.
Le temps de la rédaction des grands projets, le temps de conférences de presse et des reportages commença. La Réunion symbolisait le « new deal écologique et économique », selon le préfet Jean Ballandras. L’effort ne fût pas vain, et il ne faudrait pas jeter l’effort avec la fin de GERRI.
Certes on a beaucoup reproché au projet d’être un bel « éléphant blanc ». Il en ressort cependant une expérience grandeur réelle des efforts de basculements technologiques et sociétaux, dont on regrette l’absence dans les débats nationaux actuels sur la transition énergétique.
Parmi les projets portés par GERR, certains ont disparu très rapidement : le projet en géothermie au pied du volcan protégé par son statut de parc national ; le tram tram , censé désengorger l’interminable queue de voiture aux abords de Saint Denis, fût vite contré par la construction d’une route doublant celle du bord de mer (2,7 milliards d’euros pour 12km !); les plans ambitieux solaires et éoliens furent bloqués comme dans tous les Doms, par les allers-retours de la législation française et par un désinvestissement des industriels face au projet de construction d’une nouvelle centrale thermique au Port Est. Du lancement par Nicolas Sarkozy en Janvier 2010, d’un ambitieux programme de véhicules électriques, il ne reste que quelques traces dans le parc automobile des services publics.
La grande catastrophe pour GERRI fût de perdre son mentor présidentiel, et son « père », Paul Vergés.
Qu’en reste-t-il ? Un coup de pouce maintenu à la recherche et à l’investissement dans l’usine de bagasse même si les deux usines de Bois Rouge et du Gol sont moins efficaces que leur petite sœur construite à l’île Maurice, conçue par les mêmes techniciens français, mais soutenue par de forts capitaux allemands. Et surtout, il reste ce qui nous intéresse ici : la recherche lancée dans le domaine des énergies marines. (Voir l’article sur les l’énergie marine à la Réunion)
L’effort GERRI n’aura pas été vain, en 2013, 30% de l’électricité produite à échelle locale est propre, mais à quel prix ?
GERRI devient Energie Réunion
Après trois ans d’existence, la Région se retire des financements du Groupement d’Intérêt Public GERRI. On en connaît les conséquences : si les 50% de financements régionaux disparaissent, le projet s’écroule, puisque Etat et Europe se désengagent. Immédiate conséquence, l’arrêt de l’Agence de Développement (AD) pourtant en résultat positif sur 2012 et qui avait prévu d’amplifier le suivi des projets pour 2013. Après 25 ans d’existence, elle fermera ses portes le 30 Juin 2013, afin d’accompagner encore les porteurs de projets jusqu’à la fin du premier semestre.
Même s’il se veut optimiste, Jean François Moser son président, est inquiet : « La Région a pris une décision, elle doit en assurer les conséquences dans le transfert des projets et des collaborateurs ». Maurice Cerisola, Président de la Région économique se veut rassurant « le fort potentiel de recherches, d’idées nouvelles » demeure. Il faut vite organiser les choses afin que les pièces du jeu ne s’écroulent les unes après les autres, et trouver une nouvelle gouvernance. Jeudi 25 Avril, GERRI cédait la place à une société publique locale, la SPL Energie Réunion au cours d’une Assemblée Générale extraordinaire à la Préfecture. L’agence régionale est désormais détenue à 78% par la Région et garde la charge de 148 dossiers liés aux énergies renouvelables. Il s’agit toujours d’atteindre le même objectif : arriver à l’autonomie énergétique d’ici 2030, « en faisant différemment ». Les sceptiques sont nombreux, car EDF ne fait pas partie de la Société publique.