La Commission éolienne du Syndicat des énergies renouvelables rassemble la plupart des acteurs de la filière éolienne. Elle compte 195 entreprises adhérentes, présentes sur toute la chaîne de valeur. Le Syndicat des énergies renouvelables regroupe 450 adhérents, représente un chiffre d’affaires de 10 milliards d’euros et 80 000 emplois. Biomasse (FBE), bois, biocarburants, éolien, énergies marines, géothermie, hydroélectricité, pompes à chaleur, solaire photovoltaïque (SOLER), solaire thermique et thermodynamique.
Outremer le mag’ : En plein débat sur la transition énergétique, il est étonnant de voir à quel point on parle si peu de l’exemple donné par le mix énergétique dans les DOM ?
Vous avez raison. Les DOM ne tiennent pas une place importante au sein de ce débat national. On a une fâcheuse tendance à les oublier et nous avons un peu l’impression que seul le syndicat des énergies renouvelables porte leur voix.
A quoi cela est il dû? Sans doute au fait qu’aujourd’hui, manquent des voix fortes et audibles en métropole. L’époque où Verges tenait ce discours tout azimut est révolu.
De plus on entre dans une phase complexe.
Dans tous les départements, on est loin de tenir les objectifs. En 2015, il s’agissait d’être autonome à 50%, et à 100% en 2030. Si on met à part la Guyane qui est à plus de 50% d’autonomie grâce au barrage de Petit Saut, on tourne entre 0 (la Martinique) et 35% (La Guadeloupe) pour les plus avancés.
Pourtant les DOM ont été pionniers en éolien, en solaire, en géothermie.
Certes l’outremer a été précurseur. Mais ce que l’on constate, c’est que le modèle économique et technique évolue. Il y a eu le temps de l’invention des éoliennes anticycloniques, de la géothermie à Bouillante, des énergies marines à Tahiti et Bora Bora, de la bagasse à la Réunion. Autant d’innovations intéressantes souvent considérées comme des pilotes.
Pour aller plus loin, il faut désormais trouver des solutions innovantes, secouer les parties prenantes et faire face aux difficultés de financement en période de crise. Les désillusions aussi s’invitent : la géothermie pour progresser à Bouillante a besoin d’investissements. Qui va payer les forages de reconnaissance ? Concernant l’énergie thermique des mers, à la Réunion, on poursuit les recherches. Mais la Martinique et la Réunion sont entrées en compétition sur ce projet. Et comme il faut développer une technologie lourde, la construction d’un pilote coûte beaucoup d’argent.
L’abandon du projet GERI à la Réunion est-il responsable de cette stagnation constatée depuis deux ans ?
DCSN poursuit son travail. Le projet SWAC (sea water air conditionned) se développe à Saint Denis dans le cadre de la future ville tropicale pour le refroidissement des bureaux, commerces, logements. Non, ce qui est une catastrophe, ce sont les renoncements successifs, les différentes filières a un moment donné s’arrêtent. L’abandon du soutien à la filière solaire a été une catastrophe pour les DOM. Depuis 2008, l’éolien rencontre des difficultés jusqu’au coup d’arrêt de ces deux dernières années.
Il semble que le « ménage juridique » soit fait. Loi littorale, construction d’éolienne en zone urbanisée, réglementation ICPE vont s’harmoniser ? Et les appels d’offre de 2010 vont enfin voir le jour ?
Ce n’est pas si simple. On est entre les deux, la loi Brotte, qui mettait tout cela à plat, est encore devant le Conseil Constitutionnel. Et pour les autorisations, et pour la défiscalisation. Depuis plus de vingt ans la défiscalisation avait été l’outil nous permettant d’investir dans ces projets (portant le coût du KWh à 175 euros). En 2010, c’est fini pour le solaire. Pour l’éolien on pouvait encore imaginer cela possible. Mais la défiscalisation vient d’être remplacée il y a quelques jours, par des tarifs de rachat. Prévoyant cette possible situation, nous avions demandé 250 euros du kWh pour soutenir les investissements. L’état nous accorde 235. Les effets de seuil pèsent lourds. Surtout que l’on sait que le prix moyen de l’énergie dans les îles est de 310 euros kWh, très au-dessus du prix tarifaire. Veut-on privilégier l’énergie carbonée ?
En Guyane, cela ne sera même pas, puisque ce taux ne sera attribué qu’au rachat de l’énergie en zone cyclonique. Cette décision met en péril le projet sur la savane de Matiti qui est au point. Certes la Guyane atteint ses 50% d’autonomie via les renouvelables. Cela veut-il dire que l’on s’arrête ? Si l’on veut parvenir à 100% en 2030 il faut un mix énergétique très solide avec de la biomasse, du solaire, de l’hydraulique…
On ne pense plus de la même façon. C’est difficile. Il y a énormément de choses à changer. Il ne s’agit plus simplement de concevoir une source de production décentralisée. Les réseaux de distribution ne sont plus adaptés à ces nouvelles sources. Que devrait être un smartgrid Outremer ? Un réseau qui réponde à des problématiques nouvelles de production/consommation, mais lesquelles ? Il y a besoin de beaucoup d’intelligence.
Les domiens sont ils suffisamment informés de la nécessité de maîtriser leur consommation ?
Les modèles de construction sont encore fondés sur le verre et le béton, nous sommes loin des bâtiments intelligents, le matériel électro ménager basse consommation rare. La population vit mal le fait qu’on lui demande de réduire sa consommation.