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jeudi, 26 septembre 2013 04:54

Véronique Hermann Sambin - Nue sans les mots et la musique Spécial

Écrit par Willy Gassion
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Véronique Hermann Sambin est auteur, compositeur et interprète. Elle sera au New Morning à Paris, le 27 septembre 2013 dans le cadre du 8ème Gwoka Jazz Festival.

 

Les derniers rayons d’un soleil tiède et estival s’abattent sur Paris. L’automne est pourtant là mais l’été résiste. Le clocher de l’église Saint-Louis-en-l’Ile se dégage majestueux de l’horizon et semble toucher le ciel clair de la capitale. Il est onze heures. Habillée du halo de lumière que fait le soleil, les yeux masqués par une paire de lunettes aux verres opaques, un large sourire sur son visage, elle presse le pas. Véronique Hermann Sambin est en retard. A quoi pense-t-elle ? A la journée qui s’annonce largement ensoleillée ? On ne le saura jamais. Mais à la voir ainsi, on ne peut s’empêcher de penser aux paroles de l’une des chansons qui figurent sur Roz Jériko, son premier album. « Mi on bèl jouné pou di mèsi. La vi la bèl mé zanmi. Mi on bèl jouné pou ouvè zyé, kontanplé* (...) »

 

Ce sont d’autres paysages, plus colorés ceux-là, et peut-être aussi plus beaux, et moins urbains qui ont nourri l’imaginaire de Véronique Hermann Sambin. Les paysages à la fois ruraux et littoraux du Moule où Véronique a passé son enfance. La ville du Moule en Guadeloupe où le temps allait morne au cours des décennies 1970 et 1980. La léthargie de la ville du Moule à cette époque-là, éloignée de l’effervescence culturelle de Pointe-à-Pitre mais aussi peut-être un certain isolement poussent la jeune Véronique à écrire. « Il n’y avait pas grand-chose là où j’habitais alors je m’occupais soit en dessinant soit en écrivant des textes. J’ai écrit très tôt mes premiers poèmes. Quand je me rendais au collège à vélo, je me rappelle que j’écrivais sur la route des textes (…). J’écrivais en regardant la mer et j’écrivais sur tout même sur les raisiniers. Il y avait toujours un sujet qui était un bon prétexte pour écrire des textes. J’écrivais aussi des poèmes à ma mère. » C’est donc d’abord par le biais de l’écriture et non par la musique que Véronique Herman Sambin s’exprime. « Le plus important pour moi ce sont les mots, j’ai toujours écrit, je n’ai jamais cessé. J’ai écrit avant de faire de la musique même si enfant j’ai pris des cours de piano. (…). La musique c’est un moyen de faire entendre mes textes. »

La musique pourtant est là. Omniprésente même si elle n’est pas prioritaire. Elle est là, partout. Eclectique à la radio : « j’écoutais de la pop, du zouk » et haïtienne dans les goûts musicaux de son père, amateur du chanteur Coupé Cloué. Sa mère n’est pas en reste. « Ma mère écoutait beaucoup de musique surtout celle qui ne passait pas beaucoup à la radio. Elle aimait Jacques Brel et c’est ainsi que je l’ai découvert. Un des premiers disques que ma sœur, mon frère et moi avons acheté c’était celui de Nat King Cole. » Et il y a aussi cette autre musique. Plus immédiate, plus épidermique. Celle qui vient des entrailles de la terre de Guadeloupe. Et qu’on ne peut ignorer. Cette musique-là, qui peut-être habille Véronique Hermann Sambin plus qu’aucune autre. Celle musique-là encore, que tout originaire de Guadeloupe ressent instinctivement. La musique charnelle que certains qualifient volontiers d’ « identitaire ». « J’ai eu aussi ce contact physique avec la musique de chez nous, c'est-à-dire le tambour, le gwo-ka. Petite déjà, j’écoutais Robert Loyson et Anzala. Il y avait aussi la musique de carnaval que j’aimais. »

 

Roz Jériko, le premier album de Véronique Hermann Sambin est sorti au printemps 2012 après une longue maturation. D’aucuns diraient une longue gestation. Il lui a fallu être sûre de ses choix. S’écouter et être subversive. Définir ses envies, ses besoins et ses priorités pour finalement rompre avec sa vie d’avant. Celle de directrice des ventes dans une grande compagnie de disques. Rompre aussi avec le confort, la sécurité matérielle dans lesquels paradoxalement la jeune femme se sentait à l’étroit et peut-être s’étiolait. Une vie dans laquelle, elle ne se retrouvait plus. « Pendant longtemps, j’ai été assez formatée et ça c’est un truc terrible (…) et le réveil a été très tardif. Je considère le réveil comme étant une remise en question des choses établies. Mon système de valeurs est inversé et la richesse selon moi, ce n’est pas forcément avoir mais c’est être. On ne peut pas que consommer mais il faut aussi produire et transmettre. »

Véronique Hermann Sambin sera sur la scène du New Morning, à Paris, avec son quartet dans le cadre du Gwoka Jazz Festival, le vendredi 27 septembre 2013. Elle interprétera les titres de son album Roz Jériko sur lequel on retrouve entre autres Tony Chasseur, Alain Jean-Marie, Sonny Troupé et Xavier Richardeau... De sa musique, elle dit « qu’elle est génétique. C’est moi, c’est une musique d’empreinte. L’empreinte génétique qui fait que je suis Véronique Hermann Sambin née en Guadeloupe de ma mère Jeanne et de mon père Lucien. C’est moi avec mon parcours. C’est une empreinte qui ramène au patrimoine, qui est réelle, concrète, ancrée. » Sa musique sans laquelle Véronique Hermann Sambin ne serait pas ou se retrouverait probablement nue. « Toutouni » comme une des chansons de son album.

 

 

* C’est une belle journée pour dire merci. La vie est belle. Une belle journée pour ouvrir les yeux et contempler…

 

www.veroniquehermannsambin.com / www.facebook.com/vhsambin

Concert au New Morning le 27 septembre 2013 à 19 heures. 7-9 rue des Petites Ecuries 75010 Paris. M° Château d’Eau. Réservations : www.newmorning.com/ www.fnac.com/ www.billetreduc.com

 

Photos : Paul Evrard

 

Lu 9095 fois Dernière modification le jeudi, 26 septembre 2013 18:11