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jeudi, 16 janvier 2014 14:48

K’ryn, le corps et la voix

Écrit par Willy Gassion
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Après quelques années d’absence, K’ryn Jeanne Rose la chanteuse d’origine martiniquaise promeut deux nouvelles chansons :  Lanmou kassé et Avec toi. Outremer le Mag l’a rencontrée.



Elle arrive et on ne voit que ça. Sa démarche d’abord : la danse de ses pas. Puis son corps. Son corps surtout. Taillé, sculpté, ciselé par le sport et la danse. Ou serait-ce alors, l’œuvre d’un orfèvre. Et même couvert par des vêtements épais et noirs qui la protègent des premiers frimas de ce début d’hiver, on ne voit que ça. Le corps parfait de k’ryn Jeanne Rose et son passé de danseuse. L’artiste est là, de passage à Paris, assise à cette table de restaurant, les tresses blondes remontées au sommet du crâne. L’ovale de son visage, son cou  nu qui semble s’allonger, son port qui se fait altier, K’ryn parait tout droit sortie d’un tableau de Modigliani.



Avant d’être la chanteuse que l’on connait, K’ryn a longtemps été danseuse. Le corps avant la voix. Le corps qui dit ce que la voix n’ose pas encore exprimer. Le corps loquace quand la bouche reste muette. La danse, le mouvement et avant eux, l’athlétisme : cet autre mouvement. K’ryn met son corps à l’épreuve, teste sa résistance, l’interroge. C’est probablement la méthode que l’adolescente a trouvé pour aller à la rencontre d’elle-même.   « Avant d’être danseuse, j’étais sportive. Je devais avoir quinze ans, je  faisais de l’athlétisme. Mon entraîneur venait me chercher à cinq heures du matin et nous partions courir. J’étais une bonne coureuse de fond. »  Mais K’ryn s’écoute, s’observe. Son corps pour seul baromètre. La jeune fille est attentive à ce que lui dit son corps. Ses appétences, ses détestations et ses angoisses.  « J’aimais courir,  j’aimais le challenge mais je n’aimais pas la peur que j’avais au ventre lors des compétitions avant chaque départ. Je voulais pratiquer une activité qui me procure du plaisir et non  de la peur. »



K’ryn abandonne l’athlétisme mais reste dans la course. Celle qui doit la mener à elle et à ses envies. Trouver sa voie et se trouver. Toujours avec le corps comme seul moyen d’expression. Ce sera la danse. « Dans mon quartier La Chapelle à Saint Joseph, un groupe s’est monté pour faire de la danse. Je ne connaissais pas grand-chose à la danse. J’ai tout appris au sein de ce groupe. On faisait tous les styles de danse, on reproduisait ce qu’on  voyait à la télévision. Jean Claude Lamorandière, un professionnel de la danse nous a rejoints et nous donnait des cours.
Il s’est rendu compte que je me détachais du lot et il m’a proposé de prendre des cours au Parc floral. » K’ryn s’est trouvée. K’ryn a trouvé. La jeune fille est faite pour la danse. Son corps sera dédié à cet art-là. Elle apprend, assimile les pas, les gestes et les postures. Elle s’imprègne des rythmes : « j’ai appris la danse traditionnelle, le jazz, le moderne jazz et le classique que je n’aimais pas du tout. »  K’ryn éduque son corps qui ne se rebelle pas. Son corps qui n’a plus peur. K’ryn sera danseuse. C’est une certitude.  « Après un an de cours, j’ai dit à mes parents ; je veux être danseuse. Je veux partir en France pour ça. Je veux me perfectionner. Et ils ont dit oui tout de suite. » L’apprentissage de la danse continue dans un cours à Levallois-Perret puis K’ryn intègre sur casting le Tropic Dance Ballet de Jacky Aglas. « Tout a changé pour moi dans cette troupe, je m’y sentais très bien. J’étais avec des gens qui me ressemblaient. J’avais besoin de ça, être avec mes compatriotes. Je me suis totalement trouvée à ce moment-là. Il y avait au sein de cette troupe, Tony Boumba qui était un excellent danseur reconnu par ses pairs. »

K’ryn danse et son corps s’exprime. Enfin. A moins que ce ne soit le contraire. Intensément. Avec Joëlle Ursull : « elle m’a repérée et je l’ai suivie sans hésiter. Elle était déjà à l’époque une référence. Avec elle, on est entré dans un truc très à l’américaine. La danse prenait une autre dimension. On a atteint un autre niveau, on devait être à la hauteur. Je l’ai accompagnée sur toutes les scènes à Paris et en Europe jusqu’à l’Eurovision qui est le point  fort de ma carrière de danseuse. J’ai aussi travaillé avec Gérard La Viny pour qui j’avais beaucoup d’affection, Tanya Saint Val, Kassav, Gilbert Montagné et Patrick Saint-Eloi. » Et la musique dans tout ça ? « J’ai toujours aimé la chanson mais la danse a longtemps été la priorité », reconnait l’artiste. « J’ai besoin de créer, j’ai besoin de la musique. » La musique comme un « besoin » donc. Le « besoin » de dire l’intime, de se dire sans masque ni joliesse. Se dire sans pudeur, se dire comme on s’effeuille sans avoir peur de choquer et sans chercher à séduire. Se dire nue dans sa vérité. « Je ne cherche pas ce que je vais dire. Je dis. Je dis ce que je ressens. Mon premier album, c’est mon histoire, c’est ma vie. Il est rempli de moi avec les bonnes et les mauvaises choses. » Pour toi, le premier album de K’ryn produit par Michel Linérol sort en 1998. Un album couronné de succès duquel est extraite la chanson Envies. Deux autres albums au succès moindre ont suivi. K’ryn s’est éloignée de la musique. Un temps. Puis elle y est revenue parce que la musique confesse t’elle est aussi « un exutoire ».

 

Lanmou kassé extrait de Chiraj volume 2- compilation réalisée par Michel Linérol
Avec toi extrait de Diamond Zouk vol 2 – chabine prod
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