Imprimer cette page
jeudi, 15 août 2013 04:30

La Kaz des délices de Jonathan Valminos

Écrit par Willy Gassion
Évaluer cet élément
(0 Votes)

Jonathan Valminos est entrepreneur dans l’âme. Après plus de dix ans passés dans la production musicale, il a lancé en 2010 La Kaz, une chaine de restauration rapide à Paris dont les spécialités sont celles de la Caraïbe.

L’endroit se veut être une case. Une case comme on n’en trouve quasiment plus dans les paysages des régions dites ultramarines. Une case qui résiste comme l’ultime témoignage du patrimoine architectural des Antilles françaises. Une case debout seule après le passage d’un cyclone ou celui inexorable et plus cruel de la modernité. Cette case-là comme une étrangeté, avec son mûr intérieur fait d’une feuille de  tôle bleue ondulée, située en plein centre de Paris dans le quartier du Châtelet. Ne faut-il pas être fou ou poète pour imaginer telle fantaisie ?



« On voulait un endroit qui ressemble un peu aux vieilles cases qu’on peut trouver aussi bien aux Antilles que dans différentes régions d’Afrique et où on peut se restaurer. On a essayé de recréer dans l’architecture du restaurant, l’aspect vieilli des cases de chez nous avec leurs tôles rouillées et d’apporter un concept moderne, urbain avec une restauration rapide du type anglo-saxon mais avec des connotations de la caraïbe », explique Jonathan Valminos, le propriétaire des lieux.

Il est un peu plus de midi, les premiers clients arrivent. Ils sont pour l’instant majoritairement masculins et créolophones. « La clientèle du midi est une grosse clientèle de bureau. Ce sont principalement des métropolitains et des Afro-caribéens qui travaillent dans le quartier. La clientèle de l’après midi est assez jeune, des collégiens et des lycéens et le soir nous avons surtout la clientèle qui vit et travaille en banlieue et qui vient chez nous passer un moment agréable ». Des effluves s’échappent des casseroles et montent en volutes épicées dans l’air. Bokits et madras sortent chauds des cuisines et atterrissent sur le comptoir. Les Yeux se font gourmands et dans les bouches on sent déjà la saveur des menus aux sonorités créoles : Menus Bel Kréati, Siyé Bwa, Lè Ou Lov’ et Vin A Kaz…. On ne peut s’empêcher de penser que cette case-là est bien plus qu’un restaurant pour la clientèle antillaise, prisonnière d’un été parisien, et privée de vacances dans ses régions d’origine.



A 34 ans, Jonathan Valminos est un entrepreneur aguerri. Il a fait ses armes dans un tout autre domaine où il était déjà question de batterie. Pas celles qui se trouvent en cuisine mais celles sur lesquelles on frappe. « A la base, mes associés Jaïro Romelle, Nicolas Piana et moi sommes issus du monde de la musique, nous avions plusieurs casquettes. Celles de producteurs, distributeurs et d’éditeurs phonographiques. J’ai eu envie très jeune de travailler dans le milieu musical. J’ai un BTS Action commerciale et au cours de ma deuxième année d’études, j’ai décidé de créer ma propre société de distribution de disques d’abord Calebasse puis Unity records qui était spécialisée dans le rap, le ragga et la dance hall créoles. Il y a eu ensuite Kickilla records avec laquelle on a produit des artistes comme Krys ou Princess Lover mais aussi Rohff  et Booba. On a gardé le catalogue éditorial mais on a cessé la production de disques. » Mais la musique ne leur suffit plus. Jonathan et ses associés ont une soif d’entreprendre et leur appétit est inextinguible : « on est des jeunes entrepreneurs, tous les projets qui sont susceptibles d’être mis en œuvre et d’avoir un potentiel de réussite nous intéressent. Si ils sont à notre portée on essaye de les réaliser ». Les bonnes idées partent souvent d’un constat. Celui du manque à combler. Les populations d’outre-mer frustrées de ne pas avoir en Ile-de-France un système de restauration rapide proche de leurs habitudes alimentaires : « en observant le marché de la restauration rapide, nous avons remarqué qu’il existait déjà une restauration rapide asiatique et africaine et pas caribéenne alors qu’il y a une forte communauté caribéenne en Ile-de-France. On ne comprenait pas pourquoi on devait se contenter de quelques camions fast-food en banlieue. »  L’entrepreneur d’origine martiniquaise d’ajouter : « il y avait une demande, il y avait un marché qui était vierge, nous avions notre réseau et on sentait qu’on avait les compétences pour le faire. Nous voulions créer ce premier fast-food caribéen dans le cœur de Paris et pas en banlieue. C’était le défi à relever ». Aujourd’hui à la tête de trois restaurants, quel autre défi ce jeune entrepreneur jamais repu va-t-il relever ?
 
Photos : Willy Gassion
La Kaz Bar – 20, avenue de la République 75011 Paris / ouverture du lundi au jeudi de 11h30 à 15h et 18h à 23h / vendredi 11h30 à 15h et 18h à minuit / samedi de 11h30 à minuit
La Kaz Châtelet – 20 rue des Halles 75001 Paris / ouverture du lundi au jeudi de 11h30 à 22h/ vendredi et samedi de 11h30 à minuit / www.la-kaz.com
O’Maki – 65 rue Letort 75018 Paris

Lu 8748 fois